Le : 01/09/2022
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La bienveillance me casse le clito !
#Bienveillance #Mots #Danger #Cadre #Règles #Travail #Equipe
Ce titre volontairement provocateur - personne n'est parfait – est presque un cri. (Je suis une femme et je suis pour la reconnaissance de mon genre dans
la société, dans l’écriture et donc dans nos belles expressions de la
langue française)
Un cri d’alarme sur les dégâts relationnels et opérationnels causés par une prétendue bienveillance dans l’entreprise.
Bien-sûr que je suis pour la bienveillance dans les relations, qui plus est au travail, bien-sûr que je suis pour le respect de l’autre, de son altérité, de sa diversité.
Mais pour tout cela, pour garantir véritablement l’expérience de ces relations saines et constructives, je suis d’abord pour la définition collégiale d’un cadre commun, de valeurs à défendre et à partager et de règles ! A l’heure où désormais des mots font peur, certains deviennent même tabous comme « manager », « dirigeant », « leader », « décision », le mot « règle » en fait partie.
Qu’ai-je donc écrit ?
Me voilà à contre-courant des tendances du moment, des articles à tirelarigot sur l’enchantement de l’entreprise libérée, sur l’épanouissement dans la gouvernance partagée, sur l’extase du bonheur au travail. La cheffe d’entreprise (tiens encore du féminin, ça change non ?) qui ne ferait pas de la gouvernance partagée serait considérée comme non seulement « has been » mais, pire, renvoyée à une image caricaturale ultra pyramidale, limite dictatoriale où manager reviendrait à ordonner et travailler reviendrait à appliquer.
Il serait temps de confronter les belles idées de la théorie à la réalité des entreprises aujourd’hui.
Parce que soyons clairs, oui il y a de très bonnes idées et oui ces « nouveaux modes » de gouvernance de l’entreprise peuvent marcher mais quand ils marchent c’est toujours dans une entreprise ou une organisation qui était très au clair avec sa structure et son organisation et qui était poussée par un dirigeant charismatique et incontournable. Et pour quelques succès, largement médiatisés, combien d’écueils voire de casse morale ou économique (car l’un ne va pas sans l’autre) ? Je pose la question.
Je sais bien qu’il est de bon ton de renouveler des concepts, d’en inventer d’autres pour s’adapter et se remettre en question. Mais restons sérieux deux minutes. Pourquoi réinventer l’eau chaude ? Je repose une question.
Back to basics.
Un bon manager n’ordonne pas, il fait grandir ses équipes, s’en inspire pour affûter son regard, relève les talents de chacun, les met en avant et contribue à construire une équipe capable de surmonter les défis, les coups de bourre, les coups de mou et les succès. Et l’équipe est d’autant plus forte qu’elle est diverse, d’autant plus diverse qu’elle est libre, d’autant plus libre qu’elle connaît clairement le cadre dans lequel elle joue.
Un cadre porté par la vision et la raison être, un cadre incarné par les règles et comportements à adopter pour le faire ensemble, pour créer et vivre pleinement le collectif. L’équipe peut alors expérimenter la joie du travail bien fait ensemble.
Mais alors, quid du souci gynéco avec la bienveillance ?
Malgré toutes nos bonnes intentions et notre volonté sincère de faire attention à l’autre et de travailler le mieux possible ensemble si le cadre n’est pas défini, on est dans le flou. Faîtes l’expérience d’avancer dans le flou… soit on s’arrête (instinct de protection), soit on tâtonne, soit on se prend un mur en pleine face et ça fait mal.
Du coup, et indirectement, notre souci de bienveillance va à l’encontre même de nos bons principes. Adieu transparence et collectif puisque je ne sais pas dans quel périmètre je peux le faire sereinement, il devient impossible pour moi d’allier sécurité personnelle et protection de l’autre. La bienveillance voulue et affichée m’amène, malgré moi, aux non-dits, au renfermement sur soi, à l’interprétation voire au jugement et in fine à la petite mort du collectif avec son lot d’incompréhension. Le voilà le souci gynéco avec la bienveillance ! Oui à la petite mort mais pas celle-ci. (Jeu de mots quand tu nous tiens…)