Le : 06/02/2012
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La confiance en soi, une histoire culturelle
#Confiance #Etats-Unis #Culture
De retour d’un voyage aux Etats-Unis, le pays de tous les possibles c’est bien connu !, j’ai été frappée par la force de certaines idées reçues et notamment un trait de caractère commun, tel un code génétique des Américains, la confiance en soi.
Pour beaucoup d’entre nous, la confiance en soi est avant tout le fruit de notre éducation, d’un sentiment qui aurait grandi auprès de parents bienveillants et encourageants.
Personnalité des uns, la confiance en soi serait alors renforcée par les expériences et les apprentissages.
Mon voyage américain m’a confirmé que la confiance en soi est peut-être avant tout un trait culturel de la société, comme l’air que l’on respire, une atmosphère qui permet aux sentiments de « je me sens bien dans ma peau », « je suis fier de mon pays », « tout est possible », de prendre et de grandir. Pourtant, cela pourrait être même paradoxal, n’est-ce pas dans ce même pays où les inégalités sociales sont exacerbées ? Où les bien-nés résident dans des community gates(i) et où les plus pauvres vivent aux marges de tout dans des conditions insalubres ?
En lieu et place de créer des tensions, les États-Unis, aussi vastes que différents d’une région à une autre, semblent bel et bien imprégnés des valeurs du « yes we can », « just do it », « I have a dream », « believe in », etc.
Au-delà de la sphère familiale, c’est donc un pays tout entier qui transmet ses valeurs.
L’accent est mis sur l’individu et en sa capacité à croire en soi : « you worth it », sa capacité à faire et à changer son monde s’il le souhaite : « you can do it ». Mais tout cela n’est possible que par la croyance forte au pays et au sentiment d’appartenance souvent exacerbé : « we believe in you ». L’individu est conscient dès son plus jeune âge de son identité propre et de son rôle en tant que citoyen. A lui d’actionner ou pas les leviers de sa propre destinée. Bien-sûr tout n’est pas si simple et beaucoup d’embûches viennent quelquefois perturber l’axe tracé mais la société renverra toujours et encore les mêmes valeurs : « yes you can ».
Lors d’une visite du musée de l’histoire du Texas, un film retrace les principaux événements du pays et met en scène ses protagonistes : Travis, Crockett, Houston, Austin, etc. Le discours est puissant, les mots résonnent et la conclusion vous donne des ailes : « Le Texas a son étoile (la lone star) mais vous aussi vous pouvez choisir la vôtre et suivre votre destinée. Le Texas est fier de toutes ces personnalités mais compte sur vous pour réaliser son destin, c’est ça l’esprit du Texas ! ». Bref, autant vous dire que petits et grands, tout le monde est très fier d’être Texan et même quand on ne l’est pas, on a presque envie de le devenir ! Propagande pour certains, force est de constater que de baigner dans cette ambiance à la fois patriotique, affirmative et pleine d’énergie donne certainement aux jeunes Américains beaucoup plus les bases de l’envie de s’investir et de croire en ses capacités plutôt que notre sens critique à la française revendiqué haut et fort.
Notre sens critique est aussi une force, nous avons peut-être davantage conscience des réalités. En effet, la confiance à l’excès peut conduire à l’euphorie et à la perte de conscience des réalités.
Les Américains partent du rêve pour construire leur réel, les Français, nous partons du réel pour construire nos rêves…
Finalement nous nous mettons nous-même nos propres limites. C’est aussi l’exemple d’un joueur de basket américain qui shoote, s’il le rate, il pense déjà au suivant qui, lui, va rentrer. Un joueur français, il shoote en ayant peur de le rater…
Comment faire pour gagner en confiance en soi du coup ? En créant sa propre culture pardi ! L’influence et les valeurs transmises à travers un pays sont valables à l’échelle de la communauté. La communauté peut être à la fois une association, une entreprise ou encore une équipe. C’est là la force du lien. Fonctionner ensemble permet de se sentir appartenir à un groupe, de se sentir plus fort et de croire en soi. Beaucoup de personnes isolées ont tendance à croire impossible des changements de société profonds, or nous savons qu’il faut une masse critique pour faire bouger une société. Plus nous serons nombreux, plus nous aurons confiance en notre capacité à changer le monde. La communauté porte les individualités, elle est la main invisible qui accompagne chacun vers ses propres sommets, vers son épanouissement, vers ce sentiment gratifiant et rassurant qu’est la confiance en soi.
(i) Lotissements où les personnes riches vivent entre elles, protégées de l’extérieur par un portail sécurisé