Le renoncement, aveu de faiblesse ou puissance de soi ?

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Cette semaine, deux actualités « people » viennent bousculer nos habitudes : le chef René Redzepi du célèbre restaurant Noma à Copenhague, récompensé plusieurs années comme étant le meilleur restaurant au monde qui ferme ses portes pour se réinventer et la démission de la première ministre de la New Zélande Jacinda Ardern qui préfère se retirer car elle n’a plus l’énergie nécessaire face aux enjeux du poste.

Deux personnalités publiques connues et reconnues dans leur domaine professionnel, saluées par tous pour leur travail qui « au sommet de leur carrière » font le choix d’arrêter, de renoncer.Sont-ils devenus fous ? Ont-ils été dépassés par leur succès et l’implication que cela requiert ? Finalement, ce renoncement ne traduit-il pas leur limite ou leur fatigue ?

Deux exemples qui incarnent la notion de valeurs.

Il y a certainement de la fatigue mais ces exemples sont éclairants car ils incarnent des notions plutôt abstraites en management : les valeurs.
Prenons l’exemple de René Redzepi et ses propos glanés à travers plusieurs interviews : l’essence de son travail et sa démarche culinaire ont été de rechercher l’exploration du goût pur et nature à travers des produits locaux, biologiques et éthiques. Des menus travaillés à l’extrême, des équipes à rémunérer et des prix de menus qui s’emballent.

Conséquence : des clients fortunés qui viennent du monde entier, souvent en jet privé, se régaler de ces produits bio et locaux. Des valeurs personnelles qui se confrontent et se heurtent à la réalité. Une cohérence recherchée qui n’est plus là. Son nouveau projet : une ferme écologique et des ateliers de cuisine innovants et engagés.

Jacinda Ardern porte haut les valeurs de la famille et de l’équilibre vie professionnelle – vie personnelle. Elle est en effet connue pour avoir été la première femme première ministre (oui, il n’y en a déjà pas beaucoup) à donner naissance à son premier enfant durant son mandat et à prendre son congé maternité ! Son annonce récente, sa décision d’arrêter, son renoncement à son poste, témoigne là aussi d’une confrontation de ses valeurs et de la décision de vivre selon celles-ci, bref de se respecter.

Du renoncement, au lâcher-prise, à la sagesse.

D’un point de vue philosophique, le renoncement est un « outil » de la sagesse, loin d’être un aveu de faiblesse il est au contraire un acte volontaire pour tendre vers plus de sérénité.
Renoncer, c’est aussi éloigner ce qui nous fait souffrir, c’est lâcher prise. C’est d’ailleurs au cœur du bouddhisme où le renoncement est une forme de sagesse et où, grâce au lâcher-prise, nous pouvons nous sentir plus apaisé et en paix avec nous-même.

Le renoncement nous fait aussi goûter davantage à la liberté. Liberté d’être soi, de décider ce qui doit véritablement compter pour soi et les autres, ce qui vaut la peine. Libre face à des désirs conscients ou inconscients qui nous enferment et qui ne durent pas, libre et aligné sur ses valeurs…. la figure du sage qui nous inspire.
Et vous, à quoi êtes-vous prêts à renoncer ?