Le : 04/11/2011
Nos synthèses de conférences
Pour une république des consciences
Organisée par : Colibris et la Ferme du buisson
Date : 4 novembre 2011
Intervenants :
Pierre Rabhi, Agriculteur, philosophe, essayiste et président de Colibris
Edgar Morin, Philosophe, anthropo-sociologue, directeur émérite au CNRS
Patrick Viveret, Philosophe et politologue altermondialiste
Cyril Dion, Directeur du Mouvement Colibris
Caroline Sost, Fondatrice et directrice de l’école « living school »
Célina Whitaker, Animatrice du collectif « nouvelles richesses », membre de FAIR, SOL et CEDAL/Banyan
Résumé des interventions :
Dès les premières minutes le ton est donné : il s’agit peut être d’une conférence mais celle-ci est avant tout « participative ». Pas évident quand plus de 1000 personnes sont venues y assister, pourtant le défi est relevé et, il faut bien l’avouer, cela nous fait plaisir. Chacun peut intervenir pour poser des questions, remettre en cause certaines interventions, etc.
Le mouvement Colibris profite de cette conférence pour lancer sa campagne « Tous candidats » pour les élections présidentielles de 2012. Tout en étant apolitique, l’enjeu est de mobiliser les citoyens autour d’euxmêmes pour qu’ils incarnent le changement auquel ils aspirent. Pierre Rabhi appelle à l’insurrection des consciences en rappelant que notre monde des inégalités fait deux grandes catégories de malheureux : ceux de la surabondance et ceux de la pauvreté. Pour lui, la société de demain est déjà en gestation. Nombre d’entre nous initient, créent et s’engagent. La campagne vise à faire masse, à montrer que ces personnes sont plus nombreuses qu’elles ne le croient. Tout changement se fera d’abord au cœur même de chaque individu « on peut manger bio, recycler ses déchets, etc. et exploiter son prochain ! ».
Pour Edgar Morin, il est d’ailleurs essentiel de relier les personnes pour aller contre le mouvement de notre société de tout compartimenter. Notre destin est commun, la « reliance » est à la fois un outil et un concept pour connecter les Hommes. Pour le philosophe, le bonheur est différent d’un constat. Il y a des moments de bonheur qui s’appuient sur la beauté esthétique du monde et qui nous procurent des émotions (exemple : le lever du soleil) et il y a des périodes de bonheur qui nous procurent un sentiment de maîtrise de l’environnement. A la question « Que veut dire réussir sa vie ? » Edgar Morin s’énerve de constater que même la vie est rattachée à des critères économiques. La vie est faite d’échecs, de bas, de hauts… L’esthétique nous permet de voir les drames de la vie sous un autre angle. La beauté inexprimable nous aide à regarder l’horreur du monde.
L’ensemble des intervenants partage leurs expériences et leurs réflexions sur le monde de demain, possible et déjà en marche. De nouvelles écoles voient le jour, où les élèves, dès leur plus jeune âge, sont au cœur de projets éthiques et solidaires, où les valeurs transmises les recentrent sur eux-mêmes et leurs capacités à faire, à sentir tout leur potentiel. Célina Whitaker rebondit sur notre sentiment d’inutilité, de difficulté face aux enjeux. L’individu dispose aujourd’hui d’informations et de relais qui peuvent lui permettre de s’inscrire dans une collectivité. Autre information : 97% des mouvements financiers sont encore aujourd’hui le fruit de spéculation, seuls 3% des mouvements concernent l’économie réelle. Les enjeux sont énormes mais possibles et cela commence par soi.
Cette conférence s’est voulue participative, elle a été également fédératrice. L’enjeu était avant tout le partage plutôt que l’information ou le débat. Le ton bon enfant, loin de l’élitisme de certains intervenants, permet à tous de s’inscrire dans la discussion.
Les sujets structurels, de tension, n’ont pour autant pas été débattus ou analyser en profondeur. Les intervenants et le public partagent les mêmes convictions et les mêmes valeurs sur le monde et cela s’est très clairement senti.